Fibule berbère

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Paire de fibules berbères en argent, musée du quai Branly, Paris.
Paire de fibules berbères en argent, musée du quai Branly, Paris.
Musicienne berbère du Souss au début du XXe siècle, portant deux fibules berbères.

La fibule berbère est un objet décoratif et symbolique issu du patrimoine berbère. Dans sa langue autochtone, en tamazight, elle est appelée tiseghnest (pl. tiseghnas), ou encore tazerzit (pl. tizerzay) selon les régions.

Dénominations et étymologie[modifier | modifier le code]

Dans la plupart des dialectes berbères, notamment en rifain, en mozabite et en tamazight du Moyen-Atlas, elle est appelée tiseghnest[1] (plur. tiseghnas), mot signifiant "fibule", "broche" ou encore "agrafe" et lié à la racine pan-berbère GHNS, donnant les mots eghnes / ghens, "brocher", "agrafer"[1].

Dans le Souss elle est appelée tazerzit, tazerzet, tarezoyt ou tazerzoyt. Le terme tazerzit est lié à la racine berbère RZY qui donne aussi les mots « ẓerzi », « erẓi », « rzy », faire embrocher, embrocher[1].

Ti-seghnest, et ta-zerzit, tout comme tous les noms commençant par le déterminant berbère ta, ou ti-, sont des noms féminins.

En Kabylie, la fibule est de nos jours connue sous le nom arabisé de "afzim"/"tafzimt", ou "abzim"/"tabzimt" (plur. tifzimin/tibzimin), termes provenant non pas du berbère mais de l'arabe « إبْزيمْ » (agrafe, boucle, fibule)[2], rattaché à la racine ZM : fermer[3].

En arabe maghrébin, la fibule est appelée bzima, khellâla, khullala ou kitfiyya.

Origines[modifier | modifier le code]

L'auteur française Henriette Camps-Fabrer souligne l'apparition de la fibule berbère à l'âge du bronze au Maghreb. Elle indique dans son article L'origine des fibules berbères d'Afrique du Nord :

« Il fallut d'ailleurs attendre 1964 pour que soit mis en lumière, par G. Camps, l'existence d'un âge du bronze au Maghreb. Cependant, dès cette époque où aucune chronologie sûre ne peut être établie dans cette région, nous voyons apparaître deux types de fibules. Le premier est représenté par une fibule en archet qui provient du dolmen de Béni Messous. Cet objet, malheureusement perdu, a été décrit par le docteur Bertherand qui précise qu'il était pourvu d'un porte-agrafe. Le second type retrouvé aussi à Béni Messous est une fibule en oméga qui, elle, est conservée au musée national du Bardo à Alger et dont le mode de fixation n'exige pas la présence d'un porte-agrafe. Il s'agit en effet d'une fibule annulaire ouverte dont les extrémités sont renforcées par des polyèdres. Un ardillon mobile le long de l'anneau est constitué d'une étroite feuille de bronze enroulée autour de l'anneau et se terminant en pointe[4]>. »

Femme berbère de Tunisie portant une paire de broches (XXe siècle).

Utilisation[modifier | modifier le code]

Les grandes fibules berbères sont souvent destinées à un usage décoratif, mais il existe de petites fibules souvent utilisées comme broches, sans oublier les toutes petites dont l'utilisation est destinée aux cheveux ou au front. De nos jours, elle est plus utilisée comme broche et généralement portée avec la tenue traditionnelle berbère, constituant un signe de fierté et de chasteté pour les femmes berbères. Ces fibules en anneau ouvert, ou fibules « penannulaires », sont portées généralement par deux, avec la pointe de l'épingle tournée vers le haut[5]. Elles sont généralement de grande taille, et de facture plus sommaire que les broches britanniques médiévales, si l'on excepte un groupe de ces accessoires dont la tête d'épingle est très grosse et richement ouvragée[6].

La plupart des fibules berbères portées par paires sur chacune des épaules servent à retenir la pièce de tissu rectangulaire qui se porte sur les autres vêtements. Elles sont le plus souvent reliées par une chaîne intercalaire (retenue par des crochets se trouvant à la tête des épingles), au milieu de laquelle est accrochée une boîte. Pourtant, certaines fibules circulaires se portent sur la poitrine ou sur le petit foulard porté sur la tête comme l’adwir de la Grande Kabylie[7].

Emblème[modifier | modifier le code]

La fibule berbère est considérée comme emblématique de l'orfèvrerie d'argent berbère. Les Chleuhs l’utilisent également comme symbole régional.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Mohand Akli Haddadou, Dictionnaire des racines berbères communes (lire en ligne).
  2. Éditions Larousse, « Traduction : agrafe - Dictionnaire français-arabe Larousse », sur www.larousse.fr (consulté le )
  3. Foudil Cheriguen, Les mots des uns, les mots des autres: le français au contact de l'arabe et du berbère, Casbah éditions, (ISBN 978-9961-64-268-9, lire en ligne)
  4. Camps-Fabrer 1973, p. 217.
  5. Johns, 151. Photos de Tunisie, et photo plus récente.
  6. Fibules berbères ouvragées de Corbis.
  7. Camps-Fabrer 1973, p. 227.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]